No sé cuál será el texto más hermoso de la historia de la filosofía, pero me parece que algunos párrafos del libro IX de las Confesiones de Rousseau contienen la belleza más triste de toda la historia de la filosofía:
Les souvenirs des divers temps de ma vie m'amenèrent a réfléchir sur le point ou j'étais parvenu, et je me vis deja sur le déclin de l'âge, en proie à des maux douloureux, et croyant approcher du terme de ma carrière, sans avoir goute dans sa plénitude presque aucun des plaisirs dont mon coeur était avide, sans avoir donne l'essor aux vifs sentiments que j'y sentais en réserve, sans avoir savouré, sans avoir effleuré du moins cette enivrante volupté que je sentais dans mon ame en puissance, et qui, faute d'objet, s'y trouvait toujours comprimée, sans pouvoir s'exhaler autrement que par mes soupirs. […] Devoré du besoin d'aimer, sans jamais l'avoir pu bien satisfaire je me voyais atteindre aux portes de la vieillesse, et mourir sans avoir vécu. […] Je savais que le temps d'aimer était passé. […] L'impossibilité d'atteindre aux êtres réels me jeta dans le pays des chimères, et ne voyant rien d'existant qui fut digne de mon delire, je le nourris dans un monde ideal, que mon imagination créatrice eut bientôt peuplé d'êtres selon mon coeur. […] Oubliant tout a fait la race humaine, je me fis des sociétés de créatures parfaites, aussi célestes par leurs vertus que par leurs beautés, d'amis surs, tendres, fidèles, tels que je n'en trouvai jamais ici-bas.